Assemblée citoyenne du 15 mars à Wassy
Compte-rendu
On peut estimer qu'une assemblée citoyenne est réussie quand elle permet de rencontrer des personnes qui ne fréquentent pas habituellement les réunions politiques. Ce fut le cas à Wassy ce 15 mars. À partir de ces personnes, nous avons évoqué la situation de deux catégories de citoyen-ne-s laissé-e-s pour compte : les ouvriers et les pupilles de la Nation.
Paroles d'ouvriers
L'arrivée de la gauche Mitterrand aux responsabilités en 1981 a eu pour conséquence une amélioration de la situation des ouvriers, notamment par la diminution du temps de travail avec la semaine de 39 heures et la cinquième semaine de congés payés. Mais cette amélioration fut de courte durée et les ouvriers sont devenus les grands oubliés des programmes de la gauche de gouvernement. Ceux de la Fonderie de Brousseval n'ont pas le souvenir d'une visite de responsables politiques du PS, du PCF, ou des Verts...
Pourtant les dégradations de la situation des ouvriers sont bien visibles pour qui veut bien voir :
- La cadence au travail s'est accélérée, d'ailleurs autant dans l'administration que dans les usines. Des emplois ont été supprimés, remplacés par des robots ou des ordinateurs, les deux allant souvent de paire. En apparence l'outil numérique libère l'homme de taches pénibles ou répétitives mais les salariés qui restent sont contraints de travailler à la cadence accélérée des ordinateurs
- Les revenus ont globalement stagné ou diminué du fait de l'augmentation des frais fixes comme le logement. Les impôts et taxes ne jouent pas leur rôle compensateur et restent injustes entre ceux qui peuvent en payer mais n'en payent pas et ceux qui ne peuvent pas en payer mais en payent.
- Le « trou de la sécu » justifie des restrictions de remboursement de frais de santé ou de pensions de retraite. En réalité ce déficit est fabriqué du fait de cotisations non prélevées ou détournées de leur but.
- Alors que les ouvriers ont une espérance de vie inférieure de 9 ans à celle des cadres et que le quart des jeunes est au chômage, l'âge de leur retraite est reculé. Pourtant, l'application du principe d'égalité républicaine supposerait un âge de retraite identique à tous les salariés, du public comme du privé, soumis à pénibilité égale.
- Les services publics de proximité ferment, nécessitant des déplacements plus long pour y accéder. Exemple du bureau de poste de Brousseval : par la présence des fonderies ce bureau avait plus d'activité que celui de Wassy. Dans un 1er temps son ouverture journalière a été réduite en fixant la fermeture à 15h, entraînant une première baisse importante de fréquentation. Une 2ème réduction a été programmée par une ouverture à 10h. La deuxième baisse d'activité a justifié la fermeture totale du bureau.
Plus les gens sont précarisés plus ils ont peur. Les moins de 30 ans n'ont connu que la « crise » et n'ont donc entendu que « on ne peut pas faire autrement ». Avec comme conséquence une forte poussée du vote Front National parmi les ouvriers du secteur. Les avis au sein de l'assemblée sont partagés sur la signification de ce vote : certains estiment qu'il est un défouloir qui traduit avant tout de la colère ou du dépit, d'autres qu'il devient de plus en plus un vote d'adhésion.
Les optimistes de l'assemblée estiment qu'en ce moment il y a quelque chose à faire pour redonner du crédit à la gauche. Il faut un mouvement unifié et fort. Et la gauche sera entendue si elle propose des mesures fortes. En priorité pour redistribuer les richesses et protéger l'emploi, comme celles-ci :
- Taxer les produits financiers
- Constituer avec l'impôt sur les sociétés une caisse nationale de péréquation pour que les grosses entreprises soient solidaires des petites et moyennes.
Paroles de pupilles de la nation
Le témoignage de Mauricette a fait découvrir à l'assemblée la situation particulière des pupilles de la Nation, ces enfants dont les parents sont morts pour la France à l'occasion des conflits armés.
La Haute-Marne compte environ 100 pupilles de la Nation, regroupé-e-s au sein de la section locale de l'Association Nationale des Pupilles de la Nation, Orphelins de Guerre ou du Devoir (ANPNOGD), pour environ 80 000 suite à la seconde guerre mondiale au niveau national. Mauricette vit sa situation comme une triple peine : d'abord la souffrance de perdre son père, à laquelle s'ajoutent la culpabilisation par son entourage scolaire d'être à charge de la Nation, et l'injustice de ne percevoir aucune indemnisation contrairement à d'autres pupilles. Cette injustice tient à ce que la « barbarie » n'a pas été retenue comme cause du décès du père de Mauricette. Pourtant des preuves attestent qu'il a bien subit la barbarie comme prisonnier de guerre au camp allemand de Rava-Rouska en Ukraine, jusqu'à en mourir.
L'assemblée remercie Mauricette de son témoignage éclairant et prend acte de la nécessité de supprimer l'injustice d’État dont elle et ses pairs sont victimes.
Le comité Haute-Marne du Parti de Gauche remercie le Bar Restaurant "Oh Sara Fol" (Wassy, rue du Général Leclerc) d'avoir accueilli cette assemblée citoyenne.