Ce 20 mai 2005 la salle des fêtes de Brottes était bien remplie. La tribune comme la salle étaient à l'image de cette campagne exemplaire du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen : pluraliste dans sa composition, unitaire dans ses convictions, enthousiaste dans son attitude, sérieuse dans son argumentation.
Le résultat fut à la hauteur de cette qualité : il y a dix ans jour pour jour le 29 mai 2005, les français disaient NON au référendum sur le TCE à presque 55%, pour une participation remarquable de 70%. Alors que la victoire du OUI devait être une formalité, une armée de « va nus pieds » l'emportait sur les bataillons de la caste dominante, cette collusion des « intérêts biens compris » entre aristocratie économique et clercs politiques, servis par leurs laquais médiatiques.
La suite est malheureusement connue : dès le lendemain le Président Jacques Chirac s'assoie sur ce vote en signifiant que l'Europe continuera comme avant. Et de Traité de Lisbonne en TSCG les présidences Sarkozy et Hollande répètent sans vergogne la vulgarité de ce bras d'honneur fait au peuple.
La recette de la victoire du NON se trouve en grande partie dans la liste des intervenants du 20 mai à Brottes : des représentants syndicaux, associatifs, politiques à égalité de statut et de crédibilité de parole. Un rassemblement militant tendu vers le même objectif : affirmer l'analyse commune d'une arnaque européenne et lancer un appel unitaire à lui faire barrage, sans place à prendre par un tel ou telle autre.
Retrouver l'élan et la victoire de 2005 dans des élections à venir passe par prendre modèle sur cette campagne référendaire : d'abord et avant tout un rassemblement pour des convictions et un programme. Et réduire l'élection des places à ce qu'elle doit être : faire appliquer ces convictions et ce programme par des élu-e-s qui n'en sont que le moyen, dont la provenance est tout aussi légitime de l'extérieur des partis politiques que de l'intérieur et pour lesquels toute forme de « carrière » doit être implacablement exclue.
Daniel MONNIER
